Aujourd'hui, c'est un énième jour où je ne fous rien de tout le long. Je devrais bosser sur mes musiques, chercher un boulot ou essayer de créer de nouveau vêtement à proposer au gars qui m'a employé comme "mannequin". Une bonne grosse blague, je ne suis absolument pas photogénique, mais j'ai l'air de lui plaire, tant mieux. Je suis réveillé depuis deux heures du matin, encore une insomnie, j'ai fait le tour d'à peu près toutes les pages Facebook et Twitter de mon groupe sans beaucoup de nouvelle. Des fans Australiennes seront à la Placette cet après-midi pour tenter de nous voir, je ne sais pas si je vais y aller mais ça ne me ferait pas de mal de voir un peu de monde. Quand j'y pense, c'est quand la dernière fois que j'ai vu un ami ? Qu'on s'est dit " Gars on va se boire un verre ? ", c'était il y a très longtemps. Ça me fait bien rire, dit comme ça on dirait qu'on est célèbre alors que ça se limite à trois groupies venant de l'autre bout de la planète. Ici, on passe autant inaperçu que les pigeons qui traînent dans les rues. Ils sont là, on les voit mais ils ne nous intéressent pas, sauf quand ils commencent à faire de la merde. Peut-être que je devrais mis mettre ? Bref, j'vais encore passer une journée à réfléchir à tout à rien et à parler dans le vide surtout.

C'est avec une pas très grande envie que je me rends sur cette place, je ne sais pas à qui m'attendre, des personnes hyper calmes qui seront venues juste pour me faire plaisir ou des groupies hystériques qui hurleront rien qu'à me voir. J'ai eu très vite ma réponse, car on me sauta devant en criant mon prénom et en réclamant une photo. Ça m'amusais de les voir comme ça si contente de me rencontrer, elle était hystérique mais autant que je le pensais, puis j'avais un peu l'impression de repartir dans ce que j'appelle "mon pays d'origine". Cependant, elles faisaient beaucoup de bruit, j'avais peur de déranger les gens qui sont là pour se détendre et profiter de cette place qui reste tout de même sympathique. Je fis un tour d'horizon à la recherche d'un regard noir en notre direction mais c'est tout autre chose que je trouvais. Je m'attendais à tout sauf à ça, je me figeai et je sus que je ne rêvais pas, que c'était bien réel, qu'elle était là. Mary était là, bien vivante, pas morte comme elle est dans ma tête depuis des années, vivante. À son regard je sus qu'elle m'avait reconnu, d'ailleurs elle reculait comme si elle voulait me fuir... chose normal j'ai envie de dire je l'ai tué. Non, j'ai tenté de la tuer. Ma tête me crie de ne pas aller la voir et pourtant mes jambes courent jusqu'à elle. " Mary... Mary ? C'est... toi ? " j'avais parlé en anglais, instinctivement car Mary est raccroché à ce que j'étais avant, l'Australien totalement dingue de sa copine. Celui qui avait fait une croix sur la France et le Canada. J'en revenais pas, je voulais la prendre dans mes bras mais j'aurai parié que, elle, n'avait tout sauf envie de me voir là tout de suite.

© charney